Comment Tony Yoka est devenu le chouchou du sport français ?

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Un contrat d’exclusivité avec Canal+ en poche, Tony Yoka est désormais l’un des athlètes français les plus médiatisés. Crédit Photo : Thierry Gromik / Canal +

Révélé au grand public grâce aux JO de Rio en 2016, le boxeur français est entré dans une nouvelle dimension. Des compétitions amateurs jusqu’à une surmédiatisation contestée, Tony Yoka est aujourd’hui un produit médiatique à part entière.

Coup de coeur du sport français

 Avec un Teddy Riner toujours aussi efficace mais vieillissant, un Renaud Lavillénie dont les exploits se font de plus en plus rares, et un Florent Manaudou qui a mis un terme à sa carrière, le sport tricolore semblait orphelin d’une nouvelle coqueluche à chouchouter pendant quelque temps. Mais avec un titre olympique en poche, difficile pour le public de ne pas craquer pour le boxeur de 25 ans. Son parcours irréprochable lors des JO, associé aux bons résultats et à la bonne image renvoyée par la délégation française de boxe a très rapidement fait de lui le protégé idéal du sport français.

Un people à part entière

Elu sportif de l’année 2016 avec sa femme Estelle Mossely, elle aussi médaillée d’or aux JO, la popularité du boxeur n’a cessé de grimper en flèche. La France entière suit désormais les aventures du « couple en or ». Devenus parents tout récemment d’un petit Ali, en référence à la légende de la boxe, les deux tourtereaux n’ont pas fini de faire parler d’eux. Cette vie privée mise tout d’un coup en lumière témoigne alors de la nouvelle dimension people qu’a pris Tony Yoka, au-delà même de sa carrière professionnelle.

Apprécié des médias

 Le succès attire le succès. De même que l’engrenage de la popularité ne peut que difficilement se stopper une fois qu’il est lancé. Après son titre à Rio, le Français est devenu l’un des athlètes les plus courtisés par les médias. Outre ses nombreux passages dans Touche pas à mon poste, on a également pu l’apercevoir dans le jury de la dernière édition de Miss France. Sa plus grosse réussite restera avant tout un contrat d’exclusivité inédit signé avec Canal+. La chaîne cryptée s’est engagée à diffuser tous les combats du Français sur 4 ans, avant même ses débuts dans le monde professionnel…

Un potentiel réel

Avec ce contrat en poche, Yoka espère établir un plan de carrière sur 4 ans. A la manière d’Anthony Joshua, champion du monde actuel des poids lourds et dont les débuts rappellent ceux du frenchy. « Je l’ai dans ma ligne de mire », déclarait déjà le nouveau professionnel il y a quelques semaines. Une ambition énorme, voire prétentieuse, mais le potentiel est bien là. Les 60 victoires en 72 combats récoltées en amateur sont déjà révélatrices de son niveau. Sa puissance et sa technique en plus de sa bonne communication sont autant d’éléments qui justifient les nombreux espoirs à son encontre. L’absence de grand champion poids lourd dans l’hexagone facilite également sa progression, bien que le plus dur reste à faire.

Un objet marketing plus que sportif ?

Evidemment, difficile d’imaginer Yoka champion de sa catégorie dès ses premières prestations. Mais les attentes du public sont grandes, et ce dernier a déjà subi ses premières critiques. S’il a remporté ses deux premiers combats, ses adversaires ont été (à juste titre) jugés comme n’étant pas au niveau. La tweetosphère s’en est notamment donné à cœur joie. Ces combattants peu expérimentés aux allures de « sparring-partner » permettraient au Français de se forger toujours plus une certaine image de prestige. Et dans le même temps, à Canal+ de justifier le projet autour de son poulain, que la chaîne a tout de même appelé « La Conquête ».

Attention à la chute

La sonnette d’alarme a d’ailleurs déjà été tirée lors de sa poussive victoire face à Jonathan Rice lors de son dernier combat. Le journaliste sportif Arnaud Romera a même déclaré « ne pas reconnaître » le champion olympique, qui d’habitude « fait bien mieux que ça. » Si les projecteurs sont braqués sur le Français, une opposition face à un Joshua, bien moins médiatisé que lui à l’époque, paraît encore lointaine. Sportivement, Tony Yoka a donc tout à prouver, quitte à prendre le risque de tomber de haut. D’ailleurs, impossible pour l’heure de dire si « la conquête » aura vraiment lieu. Prochain élément de réponse le 16 décembre pour le troisième rendez-vous professionnel du champion olympique.

Romain Boudon