Cinéma l’Olympia : les plaisirs du confinement

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Malgré le confinement, les machines de projection du cinéma de L’Isle-Jourdain continuent de tourner. @Hervé Graillat

Après les différentes annonces du gouvernement cette semaine, les cinémas voient enfin le bout du tunnel. Les salles pourront à nouveau recevoir des spectateurs à partir du 15 décembre prochain. La fin d’une fermeture pas si néfaste que cela pour ce cinéma du Sud-Ouest…

Après un mois de fermeture, la voix d’Hervé Graillat surprend. Énergique, enthousiaste et même blagueur, le directeur du cinéma l’Olympia de L’Isle-Jourdain (Gers) vit très bien ce deuxième confinement, instauré par le gouvernement le 30 octobre dernier afin de lutter contre l’épidémie de Covid-19. « Oui mes deux salles sont toujours fermées, oui on ne peut pas encore accueillir de spectateurs, mais on profite de ce moment de break pour redonner un second souffle à l’Olympia ». Ce petit cinéma d’art et d’essai (deux salles pour 180 sièges), entouré de la MJC et de la caserne de pompiers, a été inauguré en 2001. « C’est l’occasion rêvée pour faire des travaux prévus depuis des années. Les sanitaires, et surtout la terrasse du cinéma vont retrouver une deuxième jeunesse ! », se réjouit Hervé.

Ces projets en cours l’aident à oublier que, à l’image des 2 045 cinémas de France métropolitaine (chiffres du CNC), l’industrie cinématographique est au point mort. Après un été compliqué en termes d’affluence et un mois de septembre peu soutenu par les distributeurs, l’activité en octobre était pourtant bien repartie (notamment grâce à la sortie du dernier film d’Albert Dupontel Adieu les cons). Benoît Pfister, président du Syndicat de l’exploitation cinématographique du Sud-Ouest (SECUO), semble plus atterré par le contexte qu’Hervé : « La situation est catastrophique. Rien que dans le Sud-Ouest (régions de Toulouse et de Bordeaux, ndlr), nos cinémas ont enregistré une baisse de 70% de chiffre d’affaires, soit près de deux millions d’euros en englobant toutes nos salles ». Un chiffre qui témoigne des répercussions de l’épidémie sur l’industrie du cinéma en France.

Oublier les finances pour « préserver le secteur »

Au cœur d’un contexte économique inquiétant, certains exploitants de salles préfèrent tout de même relativiser. C’est notamment le cas d’Hervé, qui certes voit sa trésorerie disparaître à vue d’œil, mais veut résonner différemment. « Évidemment que le cinéma a besoin de fonds pour fonctionner, mais il existe d’autres données pour préserver le secteur ». En plus des travaux de rénovation enclenchés depuis trois semaines, le directeur de l’Olympia propose deux sessions de formation par semaine en présentiel, principalement sur le métier de projectionniste. Une manière de pérenniser une profession de plus en plus menacée par le développement du numérique dans les cinémas français. C’est également l’occasion pour lui de faire tourner les machines privées (comme nous) de séances.

Avec des revenus de plus en plus bas, et des salariés réduits au chômage partiel, le président du SECUO Benoît Pfister cherche lui aussi des alternatives. Son ton semble avoir désormais retrouvé un peu de tonus : « Juste après l’annonce du confinement d’octobre, on a décidé de regrouper les syndicats des théâtres et des cinémas de la région, pour allier nos forces et chercher des solutions ensemble ». Touchés par les mêmes maux, le spectacle vivant et le cinéma tentent de mettre en place l’accès à des pièces ou à des films possibles en streaming. Une façon de « garder le lien avec les amoureux des planches et des salles », et de proposer malgré le confinement « de l’art à la maison », poursuit-il. Ici, Hervé et Benoît se rejoignent. L’essentiel n’est pas dans la survie économique du cinéma, mais dans la place qu’il doit continuer à occuper dans la vie des Français. Là où les deux hommes se mettent une nouvelle fois à l’unisson, c’est dans la manière de conclure leur appel : « Cette réouverture du 15 décembre est bien sûr une bonne nouvelle ! ». Emmanuel Macron l’a en effet annoncé ce mardi 24 novembre, les cinémas pourront retrouver leur public. D’ici là, l’Olympia de L’Isle-Jourdain aura gagné en allure, et sera prêt à accueillir des cinéphiles impatients de redécouvrir leur cinéma de quartier.