C’est un rituel des périodes de fin d’année. À l’approche des fêtes de Noël, les facteurs sillonnent les rues de leur tournée pour vendre les calendriers de la Poste. Une tradition qui peut leur rapporter gros. À condition de s’en donner les moyens.
Depuis plus de deux siècles, il orne fièrement les murs de salle à manger ou de cuisine. On y griffonne les dates anniversaires et les rendez-vous importants. On s’y penche pour connaître les périodes de vacances des enfants. Ou tout simplement, on s’en sert comme objet de collection. Tiré à plus de 15 millions d’exemplaires chaque année, le calendrier de la Poste continue d’occuper une place privilégiée dans de nombreux foyers français. Objet devenu culte, il est le symbole de la relation de proximité entretenue entre le facteur et les habitants. « La vente des almanachs se fait au porte-à-porte après la tournée. Et bien souvent, les clients avec qui je m’entends très bien m’offrent un café pendant qu’ils font leur choix. C’est toujours un moment très convivial », confie Rémy, facteur dans la région Grand-Est.
Une manne financière importante
Fort de plus de trente années d’ancienneté dans l’entreprise, le Lorrain est un habitué de la vente de calendrier. Et selon lui, la popularité des almanachs est restée intacte, en dépit d’une conjoncture économique peu propice aux dépenses. « Dans le monde rural, les gens continuent d’être très généreux, car ils ne voient pas grand monde hormis le facteur. Et ce ne sont pas forcément les plus riches qui donnent le plus, mais plutôt ceux avec qui j’ai développé des affinités ». Pour les postiers, les étrennes versées par les résidents ne représentent pas qu’un joli pécule utile pour arrondir la fin du mois. C’est parfois bien plus que cela. Les revenus liés à la vente d’almanachs peuvent même agir comme une prime de 13e mois à laquelle les facteurs n’ont pas droit. « En moyenne, je reçois dix euros par calendrier, ce qui est une belle somme. L’année dernière, la vente des almanachs m’a rapporté plus de 4.000 euros. C’est mieux que deux mois de salaire », affirme le postier âgé de 56 ans.
« Je ne compte pas mes heures »
Mais avant de voir l’argent rentrer dans les caisses, le facteur doit se soustraire à un important travail de préparation. La première étape intervient dès le printemps : elle consiste en la sélection des différents albums proposés par les éditeurs : « On reçoit le catalogue de quatre principaux fournisseurs, on regarde ce qu’ils proposent et on choisit. Quand on connaît bien sa tournée, on sait quelle est la quantité de calendriers dont on a besoin, et on sait également ce qui plaît aux gens. Par exemple, les images en noir et blanc, les petits chats et les bouquets de fleurs se vendent très bien », précise Rémy, qui achète chaque année près de 500 calendriers. Puis arrive la fameuse phase de distribution dans les foyers, au crépuscule de l’année civile, en novembre et décembre. Une période au cours de laquelle les journées semblent toujours plus courtes que la veille, et c’est peut-être encore plus vrai pour les facteurs. Rémy témoigne : « Les mois de novembre et décembre sont très chargés. Je ne compte pas mes heures et il m’arrive souvent de terminer à 19 heures alors que je commence ma journée à 6 heures ». Un investissement payant, mais pas nécessairement déterminant : « La clé, c’est de tout simplement de créer du lien avec les gens tout au long de l’année. Si on ne parvient pas à fidéliser les gens, ils seront beaucoup moins généreux ».
L’histoire du calendrier de la Poste https://www.timetoast.com/timelines/2145285