Le mois sans tabac reflète une envie certaine de vouloir arrêter la cigarette chez les Français. Face au nombre de fumeurs qui baisse et la concurrence italienne, les buralistes maralpins n’ont d’autres choix que de se diversifier.
11h00 dans un bar-tabac du centre-ville niçois. David Vital, le gérant, s’active pour servir les nombreux clients de son commerce. Espresso, déca et cappuccino sont les principales commandes de la matinée. Mais certaines consommations en cachent d’autres. Des habitués, assis en terrasse, se lèvent, traversent la petite échoppe et son odeur de tabac froid pour acheter un ou deux paquets de cigarettes. « C’est exactement ce que l’on recherche« , sourit le buraliste avant de continuer, « les consommations au bar servent souvent de prétexte pour acheter ensuite du tabac. » Et pour cause, il est de plus en plus dur pour ces professionnels de vivre exclusivement de ce business. En France, 55% des buralistes sont aussi patron d’un bar-café, jugé plus rentable.
Se diversifier pour survivre
Le tabac c’est tabou ! Et ce, même chez les professionnels du secteur. Face à un prix du paquet toujours plus cher et des effets néfastes sur la santé, toutes les raisons sont bonnes pour arrêter de fumer. Pour preuve, 120 000 français se sont inscrits cette année sur la plateforme du #MoisSansTabac. Mais alors, face aux différentes campagnes de sensibilisation et un souhait toujours plus prononcé de stopper cette addiction, comment les buralistes s’en sortent-ils? « On se doit d’innover, tout le monde n’a pas la place pour avoir un bar à côté« , explique Laurent Touati Lacour, buraliste à Nice.
« Les cigarettes et la Française des Jeux représentent 50% de notre chiffre d’affaires. Avec la presse, on arrive à 75 %. Le reste, c’est la vente de babioles, ou de bonbons. Tous les moyens sont bons pour faire un peu de marge.»
Laurent TOUTATI, buraliste niçois
Symbole de cette mutation du métier, il est désormais possible de payer des amendes ou de retirer des colis dans ces boutiques. Attirer un nouveau public s’avère donc primordial. Selon la confédération des buralistes de France, 42% des clients ne consomment pas de tabac.
Une concurrence transalpine déloyale
Quatre euros. C’est le prix du paquet de cigarettes à Vintimille, en Italie. Et les maralpins ne s’y trompent pas… Chaque année, ils sont des milliers à passer la frontière pour se fournir en tabac. Difficile donc pour les buralistes français de rivaliser avec un tel écart de prix. David Vital regrette notamment la légèreté des contrôles de la douane à ce sujet : « Beaucoup de nos concitoyens, achètent en grosse quantité, sans respecter les quotas…Cela créer une concurrence plus que déloyale entre les professionnels Italiens et Français. » Pour rappel, la loi autorise les voyageurs de l’hexagone à ramener une cartouche par personne. Aujourd’hui, les buralistes niçois n’attendent qu’une chose: le 1er janvier 2022, date à laquelle les prix du paquet s’aligneront avec ceux de l’hexagone, soit 10 euros en moyenne.
* Ce travail a fait l’objet d’une double vérification juridique et éditoriale par Léna Peguet *
Joris Le Gal