Depuis que les députés britanniques ont rejeté l’accord de sortie de Theresa May le 12 mars dernier, l’ombre d’un Brexit « dur » pèse de plus en plus sur le Royaume-Uni et l’Union européenne.
Mission impossible. Chaque jour, la question du Brexit enfonce un peu plus le Royaume-Uni dans une crise politique. Alors que la Chambre des communes a rejeté pour la seconde fois l’accord de sortie prévue par Theresa May et l’UE, les Vingt-Sept ont accepté un report du divorce. Deux scénarios sont possibles : si les députés britanniques valident le traité de sortie cette semaine, le Royaume-Uni quittera l’Union européenne le 22 mai (ce qui est peu probable, puisque le speaker du Parlement a refusé de soumettre au vote le même accord une troisième fois, ndlr). Si le traité est à nouveau rejeté, 10 Downing street aura jusqu’au 12 avril pour trouver un ultime plan B. En attendant, la menace d’un « No Deal » grandi et les conséquences seraient désastreuses.
Une pénurie de médicaments ?
37 millions : c’est le nombre de boîtes de médicaments qu’importent les britanniques depuis l’UE. Avec une sortie sans accord, le Royaume-Uni sera considéré comme un pays tiers et les autorisations européennes de commercialisation pourraient ne plus être valables. Les traitements que le pays ne fabrique pas comme l’insuline (pour les diabétiques, ndlr) pourraient donc manquer. Une pétition en ligne regroupants près de 17 000 signatures demande d’ailleurs un arrêt du Brexit « si les traitements vitaux ne sont pas garantis. »
Des kilomètres de bouchons aux frontières
Qui dit hard Brexit dit sortie de l’union douanière et rétablissement des contrôles aux frontières. L’autoroute entre le tunnel sous la Manche et Londres risquerait d’être bien encombré. Selon une étude de l’Université Imperial College London, deux minutes supplémentaires de contrôle y causeraient près de 50 km d’embouteillages. Pour anticiper les bloquages, le ministère des Transports a déjà organisé des simulations grandeur nature entre l’aéroport de Manston, au sud-est de Londres, jusqu’au port de Douvres.
Les restaurants en rupture de produits frais
KFC, McDonald’s, Lidl… Le 28 janvier dernier, des grandes enseignes ont fait part de leur crainte quant à la rupture de la chaîne alimentaire. Retenus dans les camions transporteurs, les produits rapidement périssables comme la salade ou les tomates deviendraient inutilisables. « Un tiers des aliments que nous consommons au Royaume-Uni proviennent de l’UE, ont précisé les entreprises signataires de la lettre d’avertissement en ajoutant, les clients seront parmi les premières victimes des conséquences d’un Brexit sans accord. »
La fuite des entreprises
La décision a été prise fin janvier : le siège européen de Sony déménage aux Pays-Bas pour éviter les complications d’un No Deal. De son côté, le géant de l’électroménager Philips prévoit la fermeture de son usine anglaise, menaçant « 430 emplois » selon l’AFP. Airbus, qui produit les ailes de ses avions en Angleterre, n’a pas hésité à évoquer un possible départ dans une vidéo sur Youtube. Tom Enders, le PDG, annonce avec fermeté : « S’il y a un Brexit sans accord, nous devrons prendre des décisions très douloureuses pour le Royaume-Uni. »
Émilie Moulin