Tous les 26 décembre, depuis 1860, c’est jour de matchs en Angleterre. Actuellement, les 8 premières divisions anglaises organisent une journée de championnat. De l’autre côté de la Manche, c’est une tradition qui fascine toujours autant.
C’est une journée attendue par tous les fans de football. Véritable institution en Angleterre, le Boxing Day, c’est l’allégorie du « jeu de sa majesté ». Historiquement, c’était un jour de repos pour les employés de maison qui avait le droit de récupérer dans une boite les restes du repas de Noël. Férié depuis 1971, la tradition footballistique, elle, a commencé vers la fin des années 50. Sheffield F.C, club doyen, créé en 1857 organise la première opposition interclubs face à leur voisin, Hallam, un certain 26 Décembre. Match amical banal, il lance la longue tradition du match le plus attendu de l’année. Dorénavant, tous les ans, à la même date, et dans toutes les divisions, une journée de championnat est organisée officiellement depuis 1881. Les ligues, elles, tentent de faire rencontrer des clubs voisins ou de la même ville. On appelle alors ces matchs, des « derbys ».
« Le titre ne se gagne pas le 26 décembre, mais il se perd »
L’adage est connu de tous les suiveurs de la Premier League, mais il est surtout criant de vérité. En 2013, Liverpool perd son match et voit fondre comme peau de chagrin son avance, avant de laisser Chelsea remporter le titre qui manque tant au Reds. Bis repetita l’an dernier. Ce championnat est souvent prolifique en but, avec notamment l’édition de 1963 et ses 66 buts en 10 matchs. « Quand sort le calendrier, un fan de Tottenham, par exemple, va regarder, le premier et le dernier match de la saison, quand est-ce que son équipe va rencontrer celle d’Arsenal, mais aussi qui elle rencontre pour le Boxing Day. Dans beaucoup de familles, on planifie les fêtes en fonction du calendrier » explique Martin Johnes, historien du sport anglais. Ce jour-là, les stades sont presque remplis à 100%. C’est la sortie post-Noël familiale par excellence.
Mondialisation, perte d’identités et contestations
Malgré son implantation solide, le Boxing Day est chahuté, contesté, rejeté. Depuis la création de la Premier League en 1992, l’ouverture du championnat n’a cessé de croître. Actuellement, joueurs et entraîneurs ne sont plus originaires d’outre-manche. Les gros clubs, qui doivent batailler pour la Champion’s League, emmenés par des entraineurs étrangers, demandent une trêve hivernale. « S’ils ne parviennent pas à trouver une date convenable, et je ne parle pas du jour de Noël à 15 heures, nous ne jouerons pas notre match et notre adversaire sera qualifié directement. Nous ne serons pas les victimes de ce problème », peste l’entraîneur de l’équipe de Liverpool, Jurgen Klopp, face au calendrier démentiel de cette période de Noël. Une pression chaque année croissante, mais la tradition résiste… Quoique. Cette année, le nouveau diffuseur, Amazon Prime a décidé de décaler Liverpool-Leicester, traditionnellement joué à 15 heures, (horaires de tous les matchs) pour 20 heures. Scandale pour les supporters, qui voient par là, un outrage sans précédent à leur culture. Malgré cela, dans des stades champêtres, mais où la fête est à son comble, les fans sont toujours aussi nombreux, et cela, jusqu’en huitième division.
Les affiches du Boxing-Day 2019 :
Crystal Palace – West Ham à Selhurst Park (derby de Londres). Un match qui sent fort le 26 décembre.
Leeds United – Preston North End à Ellan Road, (match des historiques). Leeds et Preston, deux clubs plus habitués aux joutes de la Premier League qu’à l’antichambre du Championship.
Sunderland – Bolton Wanderers au Stadium of Light. C’est une rencontre qui oppose deux clubs en pleine crise. L’équipe de Sunderland, mais aussi celle de Bolton ont déposé le bilan. L’argent a eu raison de ces deux clubs. C’est un gros match de League One (Troisième division).
Salford City – Crewe Alexandra à Moor Lane. C’est un match entre les anciens de Manchester United, comme les frères Neville, Ryan Giggs ou Paul Scholes, qui est l’acctuel propriétaire de l’équipe de Salford. En face, on retrouve Crewe Alexandra, club historique de basse division avec une très forte base de supporters.
Notts County – Maidenhead United à Meadow Lane. C’est tout le « sel » du foot anglais qui est dans ce match. D’un coté les Notts, l’un des plus anciens clubs du royaume, qui ont donné leur maillots au club de la Juventus. De l’autre Maidenhead, petite bourgade du sud du pays, jeune promu qui n’a jamais connu l’échelon supérieur. Une rencontre qu’on aurait jamais cru possible, et pourtant…