L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament a été très clair. Dès janvier 2020, l’Advil, le Doliprane, l’Ibuprophène et l’aspirine vont passer derrière les comptoirs des pharmacies. L’objectif est de limiter l’automédication qui peut s’avérer très dangereuse.
Le libre-service en rayon, c’est bientôt fini. Dès janvier 2020, les quelques Doliprane, Advil, Ibuprophène et cachets d’aspirine ne seront plus à portée de main. Souvent utilisés en cas de fièvre ou de douleurs passagères, ces médicaments peuvent être à l’origine de graves problèmes de santé. Gilles Bonnefond, le président de l’Union Syndicale des Pharmaciens d’Officine (USPO), précise sur FranceInfo : « L’ibuprofène et le paracétamol sont deux molécules extrêmement efficaces à la seule condition qu’elles soient bien utilisées. S’il y a un surdosage, le paracétamol abîme le foie et l’ibuprofène abîme les reins. » Limiter l’accès à ces produits apparaît comme une « décision cohérente » pour le syndicaliste, puisqu’elle s’inscrit dans une démarche de prévention quant à l’automédication.
Une pratique mortelle
Ce n’est pas la première fois que la sonnette d’alarme est tirée. En mars 2018, un collectif de professionnels de santé publiait un rapport critique. 10 000 morts prématurées par an. « Mauvais dosage, mauvaise prise, non-respect du traitement prescrit, interaction entre plusieurs médicaments… les causes d’un accident lié à un médicament sont diverses et les conséquences loin d’être anodines », expliquait le « Collectif Bon Usage du médicament » dans leur communiqué. Dans le même sens, l’Agence du médicament va instaurer dès la fin de l’année un logo obligatoire sur les boîtes de paracétamol et d’aspirine. L’objectif est de sensibiliser le consommateur aux risques encourus en cas de surdosage. Mais avec le nombre de boîtes de Doliprane et d’Efferalgan consommées par an, la sensibilisation n’est pas encore au point.
Le retour des conseils de pharmaciens
« Quand un patient rentre dans une pharmacie, il ne faut pas qu’il se serve. Il faut qu’il décrive ses symptômes. Le pharmacien va ensuite l’aider à choisir des médicaments qui seront efficaces pour lui », ajoute Gilles Bonnefond. Les professionnels vont donc de nouveau jouer un rôle essentiel dans le processus de guérison. Fini l’automédication sans limite, enfin presque. Si, en boutique, les clients ne pourront plus se servir eux-mêmes, ils pourront toujours le faire via leur ordinateur. « Ceux qui veulent banaliser les médicaments sur Internet sont en train de faire la même erreur que ceux qui ont introduit la notion de libre-accès il y a 10 ans » confie le président de l’USPO. Une méthode dangereuse que l’Agence du médicament va, sans doute, essayer de réguler.