Deux après les attentats qui ont endeuillé Paris et fait 130 victimes, l’enquête est toujours en cours pour identifier les personnes qui ont préparé les attaques. Les attentats du 13 novembre ont été orchestrés minutieusement par plus de protagonistes qu’on ne l’imaginait initialement.
Bilal Chatra, un éclaireur parmi les migrants
Ce djihadiste algérien avait tout d’un réfugié politique. Comme beaucoup, il a connu pendant l’été 2015 les embarcations précaires sur lesquelles sont entassés des dizaines de migrants, dans des conditions déplorables. Il est arrivé en Grèce puis a traversé les frontières des pays européens, direction l’Allemagne. Rien ne laissait présager les véritables motivations de celui qui est surnommé par l’organisation Etat Islamique Abou Hamza le sniper. En réalité, le jeune djihadiste suivait les ordres d’Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats de Paris.
Il avait pour mission de tester la route des migrants pour faciliter le retour des djihadistes de Syrie jusqu’en Europe. Il a permis à Abdelhamid Abaaoud de rentrer à Bruxelles pour préparer les attaques du 13 novembre, au côté d’Ayoub El-Khazzani, l’auteur de l’attaque du Thalys du 21 août 2015. Hamza le sniper est actuellement détenu à la maison d’arrêt de Fresnes, dans le Val-de-Marne.
Farid Kharkhach, l’intermédiaire de Salah Abdeslam et des frères El Bakraoui
Salah Abdeslam, l’unique survivant des attentats du 13 novembre et les frères El Bakraoui, kamikazes de l’aéroport de Bruxelles le 22 mars 2016, voulaient à tout prix être discrets. Pourtant, ils avaient besoin de fausses cartes d’identité pour louer des planques et des véhicules et faire passer les frontières aux djihadistes sur la route des migrants. Le Belge Farid Kharkhach s’est donc occupé de fournir tous les faux papiers d’identité, pour brouiller la piste des enquêteurs. Il a travaillé dans un garage avec le père des frères El Bakroui. Il l’aidait à escroquer les clients.
Grâce à Farid Kharkhach, toutes les planques ont pu être louées discrètement, notamment celles où Salah Abdeslam a fait escale (Bobigny et Alfortville en France) et s’est réfugié (Schaerbeek en Belgique), lors de sa cavale après les attentats de Paris.
Aljedlada Loiai, le banquier des attentats ?
La question du financement des attaques du 13 novembre reste encore très floue. Les enquêteurs ne savent pas pour le moment comment les terroristes ont payé les locations, les armes et les faux papiers. Aljedlada Loiai est un syrien de 45 ans, arrêté et emprisonné en Autriche pour trafic d’êtres humains. Il est bien connu des services de police en raison de ses liens étroits avec la mouvance terroriste internationale.
Le Syrien a aidé les membres du commando du 13 novembre à venir à Paris, au milieu des migrants, en passant par la Hongrie, grâce aux repérages qu’avait fait Bilal Chatra. Les enquêteurs soupçonnent Aljedlada Loiai d’être le banquier des attentats en raison d’accusations de blanchiment dont il a fait l’objet en 2014-2015. Il avait transporté beaucoup d’argent qu’il avait retiré en partie sur des comptes de société fantômes. Cette expérience a peut-être servi pour le financement des attaques de Paris.
Mohamed Bakkali, l’homme à tout faire
Le Belge de 30 ans fait parti des noms apparus très récemment dans l’enquête. Son implication dans la préparation des attentats est centrale. Proche des frères El-Bakraoui, il aurait donné des ordres à Salah Abdeslam et participé au pilotage des attaques en temps réel par téléphone le 13 novembre.
Mohamed Bakkali a été le premier à acquérir en décembre 2014 de faux papiers pour pouvoir louer des planques et des véhicules. Il a d’ailleurs conduit plusieurs des kamikazes en voiture au cours des préparations. Il est actuellement détenu en Belgique.
Hamza Attou, Mohamed Amri et Ali Ukaldi, les chauffeurs de Salah Abdeslam
Après avoir perpétré sa tuerie, Salah Abdelslam a téléphoné à Hamza Attou et Mohamed Amri pour leur demander de venir le chercher à Paris. Les deux hommes incarcérés en France affirment qu’ils ont découvert le soir même l’implication de Salah Abdeslam dans les attentats. Idem du côté d’Ali Ukaldi, également en détention en France. L’unique survivant du commando l’a contacté pour lui demander de l’aide, une fois arrivé en Belgique après les attentats.
Hamza Attou et Mohamed Amri ont pourtant aidé à louer des voitures. Ils ont aussi effectué un étrange voyage en Allemagne et aux Pays-Bas, trois jours avant le 13 novembre. Ils ne sont restés qu’une heure en Allemagne mais ont passé plus de temps à Amsterdam. Les enquêteurs les soupçonnent d’avoir fait des repérages à l’aéroport de Schipol, dans la capitale néerlandaise, en vue d’une attaque qui n’a finalement jamais eu lieu. L’ADN d’Ali Ukaldi a été découvert dans l’appartement belge où les ceintures explosives des assaillants ont été fabriquées.
Oussama Atar, le coordinateur de Daesh
L’homme de 33 ans est un vétéran du djihad, ancien combattant d’Al-Qaida. Haut placé dans la hiérarchie de l’organisation Etat Islamique, le Belgo-Marocain serait l’organisateur en chef des attaques du 13 novembre, depuis la Syrie. Les frères El-Bakraoui lui ont envoyé leur testament via Telegram, la messagerie cryptée prisée des djihadistes. Ce vétéran du djihad a donné des conseilles aux terroristes pour fabriquer leurs ceintures explosives.
Celui que l’on appelle le chimiste a envoyé le syrien Ahmed Alkhald, actuellement en fuite, pour les aider dans leur tâche. Il serait revenu en Syrie, en passant par la Turquie. Oussama Atar aurait aussi envoyé deux djihadistes, un Algérien et un Pakistanais détenus en France, vers Paris pour commettre un attentat dans le métro. Ils ont été arrêtés en chemin en Autriche en raison de leurs faux papiers. Le chimiste serait à l’origine de la radicalisation des frères El-Bakraoui.
Mohamed Abrini, l’homme au chapeau
Présent lors de l’attentat-suicide à l’aéroport de Bruxelles, Mohamed Abrini a été surnommé l’homme au chapeau, en raison du couvre-chef qu’il portait lors de l’attaque. Son visage, capté par les caméra de surveillance de l’aéroport, avait été diffusé dans tous les médias. Il est désormais incarcéré en Belgique. Son rôle dans les attaques du 13 novembre reste encore flou. Il a conduit Salah Abdeslam en France pour ses repérages.
Rien ne dit qu’il était au courant de ses intentions. Mais il a aussi aidé à louer des planques et il a conduit les terroristes sur les lieux des attaques. Il dit avoir été informé de leur projet terroriste au dernier moment. Mohamed Abrini, ami d’enfance de Salah Abdeslam, a été vu à Bruxelles le 13 novembre avec un membre de l’organisation Etat Islamique. Ce dernier aurait acheté le matériel pour fabriquer les explosifs.
Hélèna Sarracanie