L’ancien nageur, double champion olympique se lance dans la politique aux côtés de Jean Leonetti, candidat à sa réélection à la mairie d’Antibes.
Antibes, piscine nautique où il s’est entraîné durant 6 années, Alain Bernard nous reçoit quelques jours après l’annonce de son implication dans la liste de Jean Leonetti, le maire actuel et candidat aux prochaines élections municipales. « J’ai pâti d’une faille du système. J’ai redoublé deux fois, mais j’ai réussi à faire carrière car j’ai persévéré. Aujourd’hui, j’ai envie de faire bouger les choses », explique-t-il. Assis à l’étage du centre aquatique, l’ancien nageur raconte ses débuts dans la compétition à l’âge de 7 ans jusqu’à sa première consécration en 2008. Double champion Olympique, septuple champion d’Europe et champion du monde : malgré des titres prestigieux, Alain Bernard, fait preuve de beaucoup d’humilité dans chacun de ses propos, mais aussi dans la manière dont il nous a accueilli. Cela se ressent immédiatement quand il évoque son engagement dans la politique : « J’ai envie de montrer que je suis capable de faire autre chose que du sport. Je débute de façon humble, à l’échelle locale avec quelque chose qui fait sens pour moi ».
« Légitime pour porter un message au delà du sport »
À Antibes, en cas de ré-élection de Jean Leonetti, l’ex-nageur aura un rôle attaché à la jeunesse sans pour autant vouloir devenir adjoint. « Je me trouve légitime à porter des messages dans mon sport, mais aussi au–delà du sport. On a des valeurs qui se perdent dans la société » regrette t-il. « J’ai envie d’œuvrer pour conserver ne serait ce que la politesse ». Alain Bernard travaille actuellement avec la ministre des sports Roxana Maracineanu sur le thème de l’aisance aquatique et se sent prêt de se lancer dans la politique. Là où il n’avait auparavant jamais affiché son opinion sur le sujet. S’il est conscient que ce nouveau challenge, c’est « potentiellement s’exposer à la critique », cela ne l’effraie pas : « Grâce à mon recul sur ma carrière, je suis prêt à prendre ce risque. Pour moi, il faut travailler avec l’opposition, essayer de faire comprendre pourquoi on fait ça. Et si on a fait une erreur, on fait son mea culpa. Dans le sport, on apprend ça tous les jours. Des fois, on sort de l’eau, on se dit ‘ce matin, je n’ai pas été bon’ ».
Aujourd’hui, il veut aider les jeunes que ce soit dans l’éducation, l’apprentissage ou encore le sport. Son adolescence n’a d’ailleurs pas été un long fleuve tranquille. Entre les déplacements, les entraînements (22 heures hebdomadaires dans l’eau) et les devoirs à l’école, le natif d’Aubagne dans les Bouches-du-Rhône doit passer par la case du redoublement. « Deux classes dont ma 4ème. C’était assez compliqué, je n’étais pas très bon à l’école », reconnaît le fils d’un électro-mécanicien et d’une assistante maternelle. « Je faisais le strict minimum. J’ai vendu un concept à mes parents : j’obtiens mon bac et on me laisse m’entraîner », se souvient-il tout sourire. Deal. Après avoir fait ses classes à Aubagne, il rejoint le cercle des nageurs de Marseille et se met à rêver d’une participation au Jeux olympiques d’Athènes en 2004. Touché par une mononucléose à trois mois des qualifications, il échoue pour 17 centièmes. Une déception qu’il transforme en motivation pour la suite.
« La ville est très attachante, et ça a du sens aujourd’hui avec mon envie de m’engager ».
Son arrivée au club d’Antibes en 2006 marque un tournant dans sa carrière. « J’ai toujours eu ce club dans le cœur, ça a été une révélation. », glisse-t-il. « La ville est très attachante, et ça a du sens aujourd’hui avec mon envie de m’engager ». Par la suite, il fait tomber une pluie de records et remporte le fameux titre olympique sur le 100m nage libres aux JO de Pékin en 2008. Le voilà désormais propulsé sur le devant de la scène. « Ça a été n’importe quoi après le titre au niveau médiatisation », s’amuse le cadet d’une famille de trois enfants. « Moi, je voulais profiter des Jeux, voir les autres athlètes, mais je recevais de nombreuses sollicitations. Me connaissant, je n’allais rien refuser », reconnaît-il. Pour échapper aux tumultes des JO, le Français décide alors de partir aux Maldives durant trois jours avec sa copine de l’époque avant de revenir pour la cérémonie de clôture. « J’avais juste besoin d’un bol d’air. Aller à un endroit où personne ne me connaissait. C’était mon petit caprice », se souvient Alain Bernard.
Aujourd’hui, 12 ans après ce premier titre olympique, la reconnaissance du public est toujours présente : « Je suis encore agréablement surpris par les mots d’attention ou les regards bienveillants », glisse-t-il, mesuré. Aujourd’hui, bénévole au club d’Antibes, l’ancien nageur est également ambassadeur de la marque de Michael Phelps et propose du coaching en entreprise. Les quelques partenariats dont il bénéficie lui permettent de pouvoir s’engager en parallèle dans le bénévolat. L’été, il propose des stages de natation à Antibes. Le contact avec les jeunes ; l’une des raisons qui lui a donné l’envie de rejoindre la mairie antiboise: « Je me rends compte que mes résultats traversent les générations. Tant que mes messages vont passer, j’ai envie de les mettre en exergue que ce soit dans le milieu du sport ou même dans la société. » À moins de quelques jours du premier tour des élections municipales, le maire Les Républicains Jean Lenonetti est annoncé favori pour sa réélection. Alain Bernard, lui, est impatient à l’idée de mettre en place des actions dans sa ville : « J’ai envie de discuter de sujets de fond. Dans un premier temps, j’aurais besoin d’entendre, écouter la demande. »