Alors que le Ramadan a débuté depuis dix jours pour tous les musulmans, les structures du Cœur Nissa et l‘ADAS du cœur de Cannes s’associent pour donner des repas aux plus démunis.
Un tintamarre de cocotte-minute résonne dans la petite cuisine de Souad. La chorba est prête. L’odeur d’épices d’Orient envahit la pièce. C’est au cœur de son petit appartement avenue des anciens combattants d’Afrique à Vallauris, que la jeune femme prépare cette soupe. Levée depuis six heures, la cuisinière de la famille Kadri concocte les repas pour l’association Le cœur Nissa qui vient en aide aux personnes dans le besoin. « La chorba ça permet de se réchauffer et de tenir le ventre », précise-t-elle. Pois chiche, viande et coriandre sont ensuite ajoutés à la sauce épicée. Un plat chaud qui sera distribué aux personnes qui, en ce mois de Ramadan, en ont le plus besoin.
Offrir 10 repas par jour
À quelques kilomètres, dans le centre-ville de Cannes La Bocca, Malika Kadri, présidente de l’association Le Cœur Nissa et cousine de Souad, réceptionne les chorbas toutes chaudes. C’est dans son snack « Chez Ryna » que la sexagénaire, bien active, s’affaire à préparer le reste des repas qui seront distribués dans l’après-midi. Cette action solidaire est avant tout le fruit d’une collaboration féminine. Malika, ancienne professeure de langues étrangères, s’est associée à son amie Saliha Thiriet Koussa, de l’association ADAS du cœur. Ensemble, elles ont mûri ce projet : « Nous avions déjà réalisé des paniers solidaires l’année dernière, et ils ont eu beaucoup de succès. Je me suis dit qu’avec mon snack, cette année, je pouvais proposer des plats chauds et continuer d’aider ceux qui en ont besoin. » À l’intérieur de ce panier repas, chorba, bricks de viandes et dattes. Un petit festin pour l’Iftar, le moment de rupture du jeûne.
Tous les jours, la famille Kadri donnera gracieusement dix repas préparés à l’association ADAS. Pour l’algérienne, « cette initiative est une satisfaction personnelle. Avec la crise, de nombreuses personnes n’ont pas grand-chose à manger ». Le Covid a accentué la précarité de chacun. En France, ils sont près de huit millions à ne pas pouvoir se nourrir correctement depuis la pandémie. Alors, c’est avec un enthousiasme sans faille que Malika a réquisitionné toute sa famille pour faire vivre l’entraide dans ce « mois sacré ».
Une grande chaîne de solidarité
Entre les brochettes de poulet et les pâtisseries Kalb el louz, les plats de Souad et Malika n’attendent plus qu’à être dégustés. Dans quelques heures, Saliha Thiriet Koussa viendra les récupérer. Ils seront livrés de porte-à-porte à Cannes, le Cannet et même jusqu’à Mougins. « Nous servons des familles nombreuses comme des personnes seules. Toute personne qui nous sollicite sera servie car la crise touche tout le monde », explique Saliha. En plus des dix repas offerts par Malika, plusieurs restaurants cannois se sont joints à l’opération.
Au total, près d’une cinquantaine de plats seront distribués par l’association ADAS. Pour Saliha, cette union est une réelle chaîne de solidarité. « On a besoin d’autres structures comme celle de Malika pour combattre la précarité et cela nous motive pour poursuivre les actions solidaires. » Si cette opération est lancée pour le mois de Ramadan, elle est ouverte à tous, pratiquants ou non. Pour les deux femmes, c’est une initiative idéale pour « montrer que le Ramadan ce n’est pas qu’une histoire de privation. C’est aussi le partage et l’entraide ».