L’Allianz Riviera, le théâtre des violences

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Fumigène allumé après le but niçois contre l’Olympique de Marseille © Simon Legentil

Nouvelle saison, nouvelle sanction pour la tribune Sud de l’OGC Nice. Après les incidents face à l’Olympique de Marseille, le « kop » niçois est fermé pour la réception de Toulouse. Le club fait appel de la décision. La sécurité de l’Allianz Riviera est encore pointée du doigt.

C’est l’une des rares fois qu’un club de ligue 1 conteste la décision de la LFP et défend ses supporters. L’OGC Nice a annoncé jeudi 2 novembre saisir « le CNOSF, afin de contester la fermeture de la partie basse de la Tribune Populaire Sud contre le Toulouse FC le 26 novembre », annoncée par la commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP) le 31 octobre. La sanction découle d’une « révocation du sursis », en raison « de l’usage d’engins pyrotechniques, utilisation de laser et intrusion », commis par les « supporteurs de Nice », lors de la rencontre contre Marseille le 21 octobre dernier. Les deux derniers griefs ont été abandonnés, mais la sanction est tombée. L’intrusion et les lasers proviendraient de supporters marseillais. Le club conteste donc ce huis-clos partiel jugeant la décision sévère pour l’utilisation de pétards. Le Gym insiste sur le comportement de ses fans en soulignant « la bonne tenue globale de ses supporters depuis de nombreux mois, (…) et est attaché à ce que ceux-ci ne soient pas stigmatisés. » Mais la réalité est un peu moins rose. L’année dernière, la partie basse de la tribune Populaire Sud a été fermée cinq fois, pour diverses raisons (fumigènes, banderoles, bagarres…). Cette saison, les ultras sont loin d’être exemplaires. En plus des pétards et des fumigènes devenus une habitude partout en France, des violences ont eu lieu dans l’enceinte du stade lors du dernier match.


Les fumigènes autorisés ou non ?

Depuis le 29 mars 2023 et pour une durée de trois ans, les fumigènes sont autorisés sous certaines conditions bien précises. Un décret publié ce mercredi au Journal officiel de la République française permet aux clubs de demander auprès du préfet local pour que certains supporters puissent avoir l’autorisation de manier des engins pyrotechniques dans les stades. Mais la procédure est longue et complexe. C’est pour cela que les fumigènes encadrés sont rares.


La question de la sécurité de l’Allianz Riviera

Le problème, c’est la non-séparation des tribunes. Il est possible de faire tout le tour du stade par les coursives. Les gradins sont séparés par quelques agents de sécurité et une unique barrière anti-intrusion. Seul le parcage visiteur est isolé. Dès qu’un club rival se présente dans l’antre des rouge et noir, la tension est forte et les débordements fréquents. Contre Marseille, deux supporters phocéens assis dans une tribune adjacente, se sont fait « traquer » par les ultras de la Populaire Sud. Seul contre tous, les deux « intrus » ont sauté de la tribune préférant avoir affaire aux CRS plutôt qu’aux Niçois. Même chose l’année dernière contre le PSG, où un Parisien a été agressé en Ségurane. Ces violences semblent inévitables, comme l’explique Andrea, ultra niçois : « Lyon, Paris, Marseille, Saint-Étienne, on ne tolère pas leur présence dans nos tribunes, c’est comme ça et c’est partout pareil ». Le meilleur exemple, mais aussi le pire, de ce manque de sécurité, c’est le match de coupe d’Europe l’année dernière contre Cologne. Des centaines d’Allemands venus en découdre ont traversé tout le stade pour se battre contre les ultras niçois. C’est à cet instant que tout le monde s’est rendu compte des problèmes de sécurité de l’Allianz Riviera. L’UEFA reproche au club niçois « des failles dans l’organisation qui ont provoqué les incidents. »

Mais alors quelles sont les solutions ?

Déjà en 2021, les dispositifs de sécurité ont été renforcés. La Tribune Sud est surélevée et des filets de protection sont installés derrière les buts. Mais c’est insuffisant. La faille se trouve dans la configuration du stade. « Ce stade ne peut pas être sectorisé. À part le parcage visiteur, le reste, c’est open bar », constate le président du Gym, Jean-Pierre Rivère, en conférence de presse. L’autre option est de changer la gestion des supporters. Bien souvent, les violences dans le stade découlent d’une dissémination des supporters adverses. Souvent interdits de déplacement pour diverses raisons, les visiteurs se rendent au match par leurs propres moyens et se retrouvent mélangés. Le problème est la mentalité ultra. Les rivalités sont basées sur la violence physique et verbale. Avec un stade conçu comme l’Allianz Riviera, les risques sont trop élevés pour dispatcher les rivaux. Un meilleur encadrement des déplacements limiterait les zones de rencontre entre les deux camps et donc les affrontements. Pour la prochaine échéance, les Aiglons ne pourront donc pas compter sur leurs supporters les plus fervents. Dimanche après-midi contre Toulouse, la partie basse de la tribune populaire sud sera vide. Les abonnés seront très certainement replacés un peu plus haut dans la tribune.


Nice – Cologne : comment tout a dérapé

C’est le plus gros incident depuis la création de l’Allianz Riviera en 2013. Le 8 septembre 2022, plus de 8 000 supporters de Cologne se rendent à Nice pour supporter leur équipe. Problème, le parcage visiteur ne fait que 2000 places. Les Allemands se sont massés dans les tribunes niçoises. Parmi ces milliers de supporters, des hooligans de Cologne et de Paris sont venus principalement pour se battre. Résultat, avec une sécurité manquante et pas de séparation des tribunes, une bagarre éclate. Le bilan est de 32 blessés dont un en urgence absolue.


Simon Legentil