« Avatar, la Voie de l’eau » : aqua bon détruire ? 

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Sam Worthington retrouve son rôle de Jake Sully dans Avatar : la Voie de l'eau © 20th Century Studios

Blockbuster à fort message écologiste, Avatar : la Voie de l’eau nous emmène dans les profondeurs de Pandora, là où James Cameron a décidé d’installer sa nouvelle révolution du septième art.

Du jamais vu. C’est probablement le premier sentiment qui vient en tête lorsque la séance d’Avatar : la Voie de l’eau s’interrompt sous nos yeux ébahis. Malgré sa longue durée (3 h 15), le long-métrage à effets spéciaux de James Cameron nous laisse presque sur notre faim. On en redemande inexplicablement, happé par la beauté de Pandora et de son écosystème.

Sa forêt nous avait émerveillé il y a treize ans, ses profondeurs le font largement plus. En quelques plans, le long-métrage nous fait comprendre que son niveau d’hyperréalisme relève du jamais vu. Malgré une adaptation nécessaire et presque gênante au tout début du film – qui ressemble presque davantage à un jeu vidéo – l’oeil n’a rapidement d’autre choix que de nous laisser stupéfait. En quelques minutes, James Cameron nous plonge dans une ivresse irréelle.

La famille d’abord

Prenant place plus d’une décennie après le premier, le long-métrage suit la famille des Sully, forcés de partir en exil lorsque ‘Ceux qui viennent du Ciel’ reviennent sur Pandora et commencent à les traquer. Ce scénario peu risqué ne cache pas l’unique volonté de James Cameron avec ce deuxième volet de sa saga déjà culte : continuer d’explorer la planète issue de ses rêves. 

Mais malgré cette faiblesse scénaristique évidente, le film ne se contente pas seulement d’explorer une planète que nous pensions déjà connaître. Même si certaines personnages exaspèrent (et sont parfois à la limite du supportable), le réalisateur canadien nous offre un blockbuster familial spectaculaire. « Je veux qu’on puisse se reconnaître dans mes films, aussi fantastiques soient-ils », disait Cameron dans un entretien au Monde. Difficile, en effet, de ne pas s’identifier aux Sully : il y a le grand frère qui choisit de prendre le blâme pour tout, le petit qui trouve constamment les ennuis, celle qui parle peu mais cache bien des secrets… 

« Sullys stick together” (Les Sully se serrent les coudes) © 20th Century Studios

Et tout ce petit monde bleu doit s’adapter à de toutes nouvelles coutumes lors de leur déménagement forcé : la nage, la plongée, la pêche… Avatar, la Voie de l’eau est un récit familial peu original mais dans lequel tout le monde trouve son compte : c’est le blockbuster idéal pour le grand public. En cassant le rythme du premier opus qui oscillait entre le point de vue des Na’vis et des humains, Cameron nous permet de réellement nous attacher à ces êtres bleus. 

Petit bémol : l’anglais est de loin la langue la plus parlée du film, y compris entre membres de peuples Na’vis. L’immersion est un peu limitée, mais Cameron a probablement fait ce choix pour faciliter la compréhension et éviter aux spectateurs de passer trois heures à lire plutôt qu’à contempler.

Bleudiversité

Ces trois heures portent un autre message fort, annoncé depuis le début de la promotion du film par Cameron : La Voie de l’eau se veut écologiste. C’est une ode à la beauté du monde et une dénonciation de la folie de l’être humain. Le cinéaste consacre plus d’une heure à l’exploration du monde, et dévoile un nouveau bestiaire alléchant. Hébété, le spectateur découvre, en même temps que des Na’vis adolescents, la grandiose biodiversité des profondeurs de Pandora. 

Mais cette œuvre dans laquelle Cameron nous prouve (une nouvelle fois) qu’il est en avance sur son temps, il s’attarde encore plus sur l’inhumanité de l’homme et ses actions irréversibles sur la nature. Les seules scènes qui ne nous émerveillent pas sont celles dans lesquelles ‘Ceux qui viennent du Ciel’ viennent empiéter sur l’équilibre de la faune et la flore locales. Le Canadien prolonge volontairement des scènes d’atrocités pour nous faire prendre conscience, plus ou moins subtilement, de l’urgence écologique de notre monde. 

On regrette également la sous-exploitation de la musique de Simon Franglen, pourtant magnifique, mais rarement présente ou mise en avant. Elle pêche à renforcer les moments d’émotions, mais la reprise de plusieurs thèmes de premier opus est largement appréciable.

Malgré tout, Avatar, la Voie de l’eau nous emmène au-delà des frontières du possible et dépasse même celles de l’imaginable. Retenez votre souffle avant de plonger dans cette aventure azurée. C’est perfectible scénaristiquement, c’est majestueux, c’est (très) bleu. Avatar : la Voie de l’eau, c’est du jamais vu.

Adrien Roche

*Ce travail a fait l’objet d’une vérification juridique et éditoriale par Lucie Guerra*