Scolarité et handicap: se battre pour l’inclusion

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A Nice, l’école élémentaire Le Château propose une classe spécialisée ULIS. ©LucieGuerra

Le nombre d’enfants handicapés scolarisés dans des établissements traditionnels a augmenté de 20% depuis 2017, en France. L’intégration du handicap à l’école est au cœur des débats. Dans les Alpes-Maritimes, les établissements se veulent de plus en plus inclusifs malgré le manque de moyens.

« Il faut des établissements spécialisés qui s’en occupent. Sauf les gens qui sont légèrement handicapés évidemment, qui peuvent entrer dans la classe », déclare Éric Zemmour, le 14 janvier dernier. Ses propos ont provoqué une déferlante de réactions dénonçant un manque de respect envers les personnes en situation de handicap. Deux mois plus tard, il a même reçu un jet d’œuf sur la tête à ce sujet.

Pourtant, selon la CNSA (Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie), 427.822 enfants handicapés sont scolarisés en France, en 2019, dont 361.174 dans une école standard. Dans les Alpes-Maritimes, il existe près de 70 classes ULIS (Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire), intégrées dans des établissements scolaires classiques, afin d’inclure au mieux tous les élèves.

« Elle avait sa place dans cette école »

Pour les parents d’élèves en situation de handicap, le constat est clair: les propos de l’homme politique ont été blessants. « Je ressens beaucoup de colère, il rejette la faute sur nos enfants », déclare Rania Merah, mère de Layana, atteinte de trisomie 21. Sa fille est scolarisée en classe ULIS à l’école Toreille de Vence. La maman évoque un établissement « qui bataille à [ses] côtés pour tout ». Une victoire après avoir rencontré de multiples difficultés. Pour elle, voir sa fille évoluer dans un environnement inclusif et adapté est une priorité. « C’est important pour sa sociabilité, mais aussi pour les autres enfants, pour qu’ils grandissent en voyant toutes les différences », confie-t-elle.

L’inclusion est un long processus nécessitant d’être complété par une assistance professionnelle. Comme l’explique Lucie Stork, monitrice-éducatrice à Nice, les enseignants de l’éducation nationale sont affectés à un établissement sans nécessairement être « formés à ces accompagnements spécifiques ». Ils se retrouvent donc « complètement démunis » face au handicap. Pour la spécialiste, « il faut toute une préparation pour établir une inclusion. On ne peut pas mettre un petit avec des besoins particuliers dans une classe standard ». A travers la mise en place de son projet « apprentissage des compétences académiques », la jeune femme a notamment accompagné une élève autiste. Elle l’a ainsi aidée à intégrer une classe de CP. « Elle avait sa place dans cette école, elle avait seulement besoin d’une aide adaptée pour révéler ses capacités », ajoute-t-elle.

Des difficultés persistantes mais des progrès

Difficultés administratives, financières, manque de personnel, des progrès restent à faire. « Chaque année c’est la bataille avec la MDPH (Maison Départementale Des Personnes Handicapées) », s’indigne Elizaveta Sergeeva, maman d’une fille de 10 ans, atteinte de déficience intellectuelle. Le rôle de la MDPH est d’accompagner les personnes handicapées et leurs familles, en apportant des moyens adaptés qu’ils soient pécuniaires, humains ou encore à travers l’ajustement des emplois du temps.

L’accompagnement scolaire par des professionnels est indispensable: les AVS (Aide de Vie Scolaire) jouent un rôle clé. Pourtant, « il manque cruellement de professionnels sur le secteur des Alpes-Maritimes », selon Lucie Stork. Dans le département, on recense en moyenne 1.266 AVS, pour 5.368 enfants déficients. Face à ce bilan, des initiatives sont mises en place: promotion du Diplôme Universitaire Autisme à l’Université Côte d’Azur, création d’une unité spécialisée au CHU de Lenval ou encore multiplication d’associations de soutien. 

* Ce travail a fait l’objet d’une double vérification juridique et éditoriale par Léna Peguet *

Lucie Guerra – Pauline Jarzynka