«Refuser» ou «accepter» les cookies : voici la nouvelle réglementation

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L’enseigne de magasins de sport ajoute l’inscription « Refuser et fermer », sur la première page de son site. ©Julie Druot

Depuis ce jeudi, les quelque 52,9 millions d’internautes français peuvent apprécier la nouvelle réglementation en matière de cookies. Une avancée dans la lutte pour le consentement sur internet et dans la chasse à l’intrusion dans la vie privée des usagers.

La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) impose désormais le fait de pouvoir « retirer son consentement aussi simplement que de le donner » ainsi que le fait de mettre à la disposition de l’utilisateur « à tout moment, la solution de pouvoir retirer ce même consentement ». En pratique, de nombreux sites vont vous demander « d’accepter ou de refuser » les cookies, ces fameux fichiers qui scrutent le moindre mouvement de souris. D’autant plus qu’avec la crise sanitaire, le secteur de la vente en ligne explose littéralement. L’internaute devient la proie du marchandage publicitaire. Pour David-André Darmon, avocat spécialisé dans les données personnelles, « l’important avec les cookies, c’est de savoir dans quel but ils sont utilisés ». Il continue : « si l’heure du couvre-feu sonne et que vous commandez à manger une pizza, ce n’est pas pour autant que vous souhaitez voir des publicités de pizza sur tous les sites que vous consultez. » Cette case « refuser les cookies » reflète l’accentuation du consentement mais sert d’étendard à ces enseignes pour prôner plus de transparence.

« Si c’est gratuit, c’est vous le produit »

Cette étape marque une évolution du cadre juridique des pratiques commerciales dont l’adaptation reste plutôt lente. Les habitudes des entreprises qui récoltent les données manquent tout de même de transparence. Pour Maître David-André Darmon : « On est loin d’un aboutissement de la législation ». L’avocat rappelle que le bon comportement à adopter reste « la vigilance ». Le modèle économique de ces groupes utilise le principe de la monétisation des données. Vous communiquez des informations personnelles, les sites web les récoltent et les capitalisent. En d’autres mots, se sont des professionnels de la data qui ne vous ont pas attendu pour mettre en marche la publicité ciblée et en dégager des fonds. La formule de Bruce Willis : « Si c’est gratuit, c’est vous le produit », se généralise, au détriment du consentement des internautes.  

Généralisation des cookies durant la crise sanitaire

Rideaux fermés, rues désertes, commerçants au bout du rouleau … Alors que les passants pouvaient flâner dans les magasins et ainsi informer indirectement les vendeurs de leurs d’achats, la succession des confinements et la crise sanitaire poussent les entreprises à dématérialiser leurs ventes. Mais la vente sur internet implique des changements de stratégie marketing. De plus en plus d’enseignes se mettent à la publicité ciblée, à l’image de TF1. En septembre dernier, la chaîne du groupe Bouygues annonçait avoir recours aux données récoltées par l’opérateur pour user d’une publicité « adressée » à ses téléspectateurs.

Selon Maitre Darmon, le danger de ces cookies apparaît dès lors que « les données sont vendues au sein d’un même groupe ». Cette réglementation apporte donc une réponse, même minime, à la gestion des données personnelles. Elle permet aussi de parler du consentement sur internet de manière plus large et de garder en tête « qu’internet n’oublie jamais rien ».