Le parrain de la promotion 2023 Xavier de Moulins donne sa vision du métier de journaliste ce jeudi. Il découvre ses 72 filleuls de première année à travers son écran dans une réunion virtuelle.
Présentateur sur M6 du 19.45, de 66 minutes, auteur de plusieurs livres, Xavier de Moulins est fier d’être le parrain d’une promotion de l’EDJ. Sous une centaine de regards attentifs et admiratifs, il échange avec les étudiants qui découvrent le métier de journaliste. Ils prennent ses réponses comme de précieux conseils pour se lancer dans une future carrière.
Comment commencer une carrière de journaliste ?
Je n’ai jamais été salarié, je voulais être libre. Donc j’ai choisi d’être pigiste. J’ai retroussé mes manches. J’ai fait énormément de stages. J’ai travaillé notamment pour Le Monde et Le Figaro. Ce sont des quotidiens particuliers qui m’ont permis de me former sur le terrain. J’ai remplacé ma formation théorique par une formation pratique grâce à une opportunité d’époque. Le travail, ce n’est pas qu’un CDI. Je travaillais chez moi, j’ai rencontré plein de monde, j’ai multiplié les expériences. C’était super ! On a la sécurité de rien aujourd’hui mais il ne faut pas avoir peur du système. Il faut être à sa place, être heureux dans ce qu’on fait.
Et pour développer son réseau ?
Il y a de la place pour tout le monde. Je vous conseille de mettre toutes les chances de votre côté. Utiliser des moyens d’approche du métier tels que le montage ou le web journalisme. En sortant de l’école, vous aurez une formation complète : presse écrite, radio, télévision. Les rencontres, il faut les provoquer ! Changez d’approches, d’angles de vue. Rien n’est loin, tout est près ! Il faut abolir les distances, les préjugés, les fausses croyances. Vous êtes ce que vous pensez. Développer son réseau, c’est développer sa confiance.
A quoi ressemble une journée de préparation pour un JT ?
La préparation de l’émission est un moment d’échange pour établir la colonne vertébrale du journal. Le temps de travail peut facilement dépasser les dix heures. C’est un exercice particulier, le cadre reste répétitif mais il faut s’adapter aux contenus imprévisibles. Il y a des journées plus faciles que d’autres. Si vous prenez le 13 novembre 2015, ce n’est pas une journée très simple. Le 14 juillet 2016, c’est un cauchemar.
Comment garder son sang froid après ces événements ?
J’ai assisté à la décapitation d’Hervé Gourdel, guide de haute montagne. Je n’avais pas à voir ces images. On continue le métier, on enchaîne les éditions spéciales, entraînés dans une énergie particulière. Les attentats sont un exemple grave, on les suit en direct et il faut du temps pour sortir de cette adrénaline. Pour le métier, c’est un moment incroyable mais pour l’humain, c’est un coup. En réalité, c’est impossible de s’en remettre.
Quel est le rapport des jeunes à l’information ?
Je commençais à me convaincre que la télévision était terminée. La télévision n’a jamais été autant regardée que depuis la pandémie. Les audiences ont explosé, les chaînes d’informations n’ont jamais été aussi importantes. C’est un rendez-vous qui rassure et touche tout le monde, y compris les jeunes. Plus de 20 millions de téléspectateurs regardent les informations chaque jour. La pandémie révèle l’importance des émissions télévisées qui permettent de comprendre l’information. Les réseaux sociaux ont pris le rôle d’informer mais les gens ont besoin d’une analyse de l’actualité.
Quels sont les défauts de ce moyen de communication ?
L’avantage de l’époque, c’est que les sources d’informations n’ont jamais été aussi nombreuses et l’offre aussi passionnante. Je ne suis pas opposé aux réseaux sociaux mais une fausse nouvelle circule six fois plus vite qu’une vraie. On a l’impression d’être une armée quand trois personnes pensent la même chose. L’algorithme conforte nos idées et ne nous confronte pas à des opinions contraires. C’est une alerte pour l’esprit critique. Ces algorithmes n’aiment pas les journalistes.
Cédric Journet – Jocelyn Florent – Emilie Terrasson