Depuis le 17 mars, tous les écoliers français suivent leurs cours depuis chez eux. Une pratique qui pose de nombreuses problématiques. Notamment pour les professeurs des 300 000 élèves plus fragilisés des établissement classés Réseau prioritaire d’éducation (REP).
Tous les matins, Lorène, professeure de français dans un collège REP (Réseau prioritaire d’éducation) de Goussainville, dans le Val d’Oise, prend place à son bureau en bois et se connecte sur l’espace numérique permettant aux professeurs et aux élèves de communiquer (ENT) de son département. Depuis le 17 mars, la jeune femme de 24 ans n’a de contacts avec ses élèves de sixième et quatrième qu’à travers cette plateforme et sa boîte mail. Un fonctionnement qui pose de nombreux problèmes pour des élèves déjà fragilisés. « Il n’y a aucune continuité, déplore-t-elle. Depuis le début du confinement, certains élèves ne se sont pas connectés une seule fois sur l’ENT, n’ont pas suivi un seul cours en ligne, ni rendu un seul travail ». Les établissements REP concentrent généralement des élèves venant de zone sensible ou de milieux populaires. Ils ont été mis en place en 1981 pour réduire les inégalités. Il y a donc moins d’élèves dans les classes et plus de soutien. Mais durant le confinement, les inégalités se creusent davantage. « Une maman m’a expliqué qu’elle avait six enfants, dont deux au lycée, et un seul ordinateur pour toute la famille. Un autre parent m’a informé qu’ils n’avaient pas Internet chez eux. Certains parents ne parlent pas français et ne peuvent donc pas les aider à la maison, énumère Lorène d’une voix lasse. Ce ne sont que des exemples, mais qui ne semblent pas anecdotiques dans mon établissement. Nos élèves n’ont pas les mêmes chances ».
Des techniques d’enseignement plus créatives
« Même pour les élèves assidus, c’est compliqué de suivre sur l’ENT, donc évidemment, les cours à distance rajoutent une difficulté supplémentaire ». Mais Lorène Gehl n’a jamais lésiné sur les moyens pour passionner ses élèves pour sa matière et le confinement lui a permis de redoubler d’efforts. « J’ai appris à faire des capsules vidéos sur un logiciel. Plutôt que de rédiger mon cours et le faire écrire bêtement aux élèves, je fais des vidéos avec images, texte et ma voix. Cela prend plus de temps, mais le résultat est là », confie-t-elle dans un sourire timide. La jeune femme a déjà prévu d’adapter son programme l’année prochaine pour permettre de rattraper le retard cumulé durant cette période hors norme. Mais elle souhaite surtout permettre à chacun de ses élèves d’avoir les mêmes chances de réussite. « Cette année, nous ne finirons toujours pas le programme, mais pour une fois, nous avons une bonne raison, plaisante la professeure. Je vais inclure quelques révisions dans mon programme de l’année prochaine. Ça n’a jamais fait de mal à personne ! » Le 8 mai, le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer a confirmé la mise en place de cours de rattrapage gratuits durant l’été pour les élèves en difficulté durant le confinement. Pour remettre les élèves à niveau, ces cours devraient avoir lieu la dernière semaine d’août.
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Un retour à l’école mitigé
Le 26 avril, le conseil scientifique consulté par le gouvernement français depuis le début de la crise a donné son aval pour une réouverture des écoles à partir du 11 mai. Dans un premier temps, contre cette réouverture, les scientifiques ont finalement changé d’avis en prenant en compte les enjeux sociétaux. Ils préconisent un retour « sur la base du volontariat » de la part de la famille.