Didier Raoult, infectiologue de renom et directeur de l’institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection à Marseille et membre du conseil scientifique du Covid-19, a mené un essai clinique sur 24 patients atteints du virus en leur administrant de la chloroquine. Ce médicament antipaludique pourrait s’avérer efficace contre le coronavirus. Qu’en pensent les médecins et les politiciens ?
Masque FFP2 sur le nez, charlotte sur la tête et blouse de protection sont les nouveaux attraits que les médecins doivent porter pour se protéger du Covid-19, depuis quelques semaines. Cependant, la fin de la pandémie approche-t-elle ? Ces derniers jours, la chloroquine (Plaquenil) est sur toutes les lèvres. Ce médicament, initialement prévu contre le paludisme, pourrait être « la fin de partie » pour le coronavirus. C’est ce qu’affirme l’infectiologue de renom Didier Raoult, directeur de l’Institut Méditerranée Infection à Marseille. « Nous savions déjà que la chloroquine était efficace in vitro contre ce nouveau coronavirus et l’évaluation clinique faite en Chine l’a confirmée », énonce le professeur. Ceci pourrait être une nouvelle exceptionnelle, car ce « traitement ne coûte rien », s’enthousiasme-t-il.
Un remède controversé
Le spécialiste des maladies infectieuses a conduit à Marseille un essai clinique sur 24 patients. Six jours après la prise du médicament « seuls 25 % d’entre eux étaient encore porteurs du virus ». Sans chloroquine en revanche, 90 % des patients seraient encore contagieux sur la même période. Le ministre de la Santé Olivier Véran, indique que ce n’est pas suffisant. « Je suis ça d’extrêmement près. Mais aujourd’hui je n’ai aucune donnée suffisamment validée scientifiquement, médicalement, pour tendre à une recommandation », déclare le ministre. Il rajoute : « L’histoire des maladies virales est peuplée de fausses bonnes nouvelles, peuplée de déceptions, de prises de risques inconsidérées aussi. »
Avant même que le Haut Conseil de santé publique ne préconise d’utiliser l’hydroxychloroquine dans des cas de sévères nécessités, le centre hospitalier universitaire de Nice avait suivi le protocole du Docteur Didier Raoult. En effet, « l’hôpital de Nice a été approvisionné avec Sanofi (en chloroquine, NDLR), comme d’autres établissements hospitaliers de notre pays. Il y a des protocoles et à partir du moment où le médecin hospitalier se tourne vers les familles en demandant si elles sont d’accord, eh bien tant mieux », détaille Christian Estrosi. De plus, ce dernier ayant été affecté par le Covid-19, il a bénéficié de ce traitement.
Le serment d’Hippocrate
Des médecins urgentistes ont fait commandé ce traitement auprès du laboratoire Sanofi, comme le Docteur – hypnothérapeute Michel Chauley, chef de pôle de l’hôpital de Confolens, en Charente. Il précise : « Nous n’avons pas ce traitement à l’heure actuelle, mais nous l’avons commandé en prévision de l’arrivée de Covid-19. » Selon lui, il faut réagir vite. « Je ne suis pas infectiologue, mais le Docteur Raoult est l’un des meilleurs au monde. De plus, il a signé le serment d’Hippocrate son but est de soigner les patients. Il faut lui faire confiance ». Cet urgentiste ne compte pas attendre l’autorisation de la Haute autorité de santé pour administrer ce remède. « Oui, elle attend plus d’essais cliniques, mais nous sommes dans un cadre d’urgence. Donc il faut réagir le plus rapidement et efficacement possible », souligne-t-il.