Tout comprendre du procès en destitution de Donald Trump

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La Chambre des représentants à voté la mise en accusation de Donald Trump, le 18 décembre 2019./ Photo United States House of Representatives

Ce jeudi 16 janvier, le Sénat a ouvert le troisième procès en destitution de l’histoire des États-Unis. Le procès de Donald Trump pour abus de pouvoir et entrave à la bonne marche du Congrès commence aujourd’hui. Qu’est-ce que la procédure de destitution ? Que va-t-il se passer ? Retour sur une procédure historique.

Depuis le 24 septembre 2019, la menace d’une possible fin de mandat anticipée pèse sur le 45ème Président des États-Unis, Donald Trump. La destitution du président américain, plus communément appelé impeachment, est un concept plutôt flou pour les Français qui n’y ont jamais été confrontés. Il s’agit d’une procédure qui peut être lancée en cas de trahison, corruption, crime contre la chose publique ou délit grave. Dans le pays de l’Oncle Sam, trois présidents ont déjà été mis en accusation par le Congrès : Andrew Johnson pour entrave au bon fonctionnement du Congrès, Richard Nixon dans le cadre de l’affaire du Watergate et Bill Clinton pour parjure dans l’affaire Lewinsky. Pour autant, aucune de ces procédures n’a abouti et seuls deux procès sont allés devant le Sénat, Richard Nixon ayant préféré démissionner avant. Afin de pouvoir mettre en accusation un Président, il faut un vote à la majorité simple de la Chambre des représentants puis un vote au deux tiers du Sénat.

L’affaire ukrainienne

Le 10 décembre 2019, la Chambre des représentants, dirigée par Nancy Pelosi, a officiellement voté la mise en accusation de Donald Trump. Il a donc été impeached, selon le jargon américain. Les deux chefs d’accusation retenus par les démocrates sont « abus de pouvoir » et « entrave à la bonne démarche du Congrès ». Le Président des États-Unis est soupçonné d’avoir fait pression sur l’Ukraine pour obtenir des informations compromettantes sur le fils d’un des candidats à la primaire démocrate, Joe Biden. L’affaire ukrainienne a été révélée par un lanceur d’alerte dès septembre 2019 et a provoqué un tollé dans le monde politique américain. Après l’annonce de Nancy Pelosi dans le lancement de la procédure, l’habitué de Twitter, s’est d’ailleurs emparé du réseau social pour exprimer sa colère face à cette mise en accusation. « Comme j’apprends de plus en plus chaque jour, j’arrive à la conclusion que ce qui se passe n’est pas une mise en accusation, c’est un COUP D’ÉTAT, destiné à ôter le pouvoir des gens, leur VOTE, leurs libertés, leur deuxième amendement, la religion, l’armée, le mur frontalier et leurs droits divins en tant que citoyen des États-Unis d’Amérique ! », écrivait-il sur son compte personnel, le 2 octobre 2019. Les deux protagonistes continuent d’ailleurs de s’attaquer par Twitter opposé. 

Une prochaine étape décisive

Cette mise en accusation reste pourtant étonnante puisque les prochaines élections présidentielles américaines se dérouleront au mois de novembre 2020. Pourtant, ce jeudi 16 janvier à Washington, les sénateurs ont prêté serment, jurant d’être « impartiaux face aux accusations » et ont ainsi ouvert le troisième procès en destitution de l’histoire des États-Unis. Les sénateurs auront le rôle de jurés face à Adam Schiff, démocrate élu à la Chambre des représentants, qui jouera exceptionnellement le rôle du procureur. Cette prochaine étape est décisive pour la future carrière politique de Donald Trump. En effet, si le Sénat vote au deux tiers de sa culpabilité, le Président pourrait être démis de ses fonctions et son vice-président, Mike Pence, prendra sa place pour finir son mandat. Cependant, un scénario dans lequel le Sénat a majorité républicaine, voterait pour une destitution de Donald Trump parait fortement improbable. Cette procédure pourrait, tout de même, impacter sa possible réélection en novembre. Le procès devrait durer deux semaines.