Journaliste sportive, spécialisée dans le football, Carine Galli endosse à la fois le rôle d’experte, de présentatrice et celui de chroniqueuse. Présente sur la chaîne L’ÉQUIPE, mais également au sein du groupe M6, elle clame avec fierté que ce milieu n’est pas la chasse gardée des hommes.
Pourquoi avoir choisi le journalisme sportif ?
J’étais dingue de foot, j’étais vraiment une passionnée, mais je n’avais pas envie de rester une simple spectatrice, une simple fan. J’avais envie d’analyser, de décrypter ce jeu, d’en connaître les coulisses et les acteurs. Je voulais essayer d’être une petite souris dans ce milieu, je n’avais pas envie de rester une simple consommatrice de foot devant ma télévision ou au stade.
Comment avez-vous réussi à vous imposer dans cet univers plutôt masculin ?
C’est pareil dans toutes les boîtes. Quand vous arrivez pour votre premier jour, vous devez faire vos preuves. Je pense que c’est exactement la même chose pour n’importe quel métier. Évidemment, vous aurez des réflexions qui peuvent être sexistes plus rapidement parce que c’est une facilité, une évidence pour les bas du front. Pour ma part, j’ai été plutôt bien accueillie, j’ai même rencontré des gens géniaux. Le pire est le manque d’éducation qui vient souvent du public et des réactions qu’on peut avoir via les réseaux sociaux, ce ne sont pas les collègues. Il y en a qu’on apprécie, d’autres qu’on apprécie moins, mais c’est quelque chose de très classique.
« Bien sûr, j’ai rencontré aussi des pauvres types, mais comme dans n’importe quel milieu »
Y a-t-il plus d’exigences, plus d’attentes, envers une femme dans ce milieu ?
Ce qui est sûr, c’est que l’on a des opportunités qui se présentent plus facilement parce qu’il y a une certaine forme de rareté. Il n’y a pas beaucoup de femmes qui décryptent le foot, qui vont sur le terrain, qui analysent les matchs, qui parlent avec les acteurs du foot. Au milieu d’un nuage d’hommes, on va vous remarquer. Après, dès que vous allez faire une erreur ce ne sera pas une simple bourde… On vous traitera de dinde, on dira que vous n’y connaissez rien, que vous êtes là grâce à votre physique et que vous devez retourner dans votre cuisine. Alors que si cela concerne un homme, les gens vont simplement dire qu’il a fait une erreur, que cela arrive et puis voilà. Pour nous, un raté est toujours quasiment suivi d’un commentaire sexiste qui n’a rien à voir avec la faute que l’on vient de commettre.
Il y a donc des places qui se libèrent plus facilement pour les femmes, une forme de parité s’installe ?
Moi, je ne suis pas pour la parité. Je suis pour que les compétences soient mises en valeur. Si la personne la plus compétente pour avoir ce job est un homme, c’est très bien… Et si c’est une femme c’est très bien également.
Quel avenir pour les femmes dans le journalisme sportif ?
Je ne comprends pas que l’on s’interroge là dessus. Ce n’est pas une question de sexe ou de genre, ce qu’il faut, c’est être déterminée, passionnée et moi, je suis persuadée que si on est passionnée, si on a envie, il y a forcément une opportunité qui se présente à nous un jour.
Est-ce que, selon-vous, de notre vivant, nous verrons un jour un duo comme « Thierry Roland et Jean-Michel Larqué » en version parité, commenter les match de l’Équipe de France à la Coupe du Monde ?
Oui, je pense que ça arrivera. Margot Dumont, il y a peu de temps a commenté un match du Variétés Club face à des personnalités, c’était une rencontre en faveur d’une association. Margot était aux commentaires pour l’évènement et je pense que ça s’est très bien passé. Elle est très compétente donc forcément.. Après, cela dépend des envies de chacun, on me l’a proposé depuis bien longtemps, à l’époque d’Eurosport, cela remonte à 2011. Tout ça pour dire que ce n’est pas une question que je me pose, mais oui ça arrivera. Inéluctablement.
Propos recueillis par Léa Loriol