Joseph Abittan s’enfonce dans son fauteuil de cuir. Une kippa, en velours noir, est posée sur sa tête. Un léger sourire, caché par une courte barbe blanche, apparaît entre ses traits vieillis. Ce rabbin consistorial de la communauté de Nice exerce depuis 41 ans et n’a jamais pensé à autre chose.
Un religieux imprégné depuis toujours
Le responsable religieux ne bouge pas. Il porte une chemise finement rayée bleue et blanche, une veste de costume marine et une cravate dans les mêmes tons qui se pose délicatement sur son tronc. L’homme ne transmet pas un grand enthousiasme. « Rabbin, c’est une vocation » dit-il calmement. Dès son jeune âge il s’est senti poussé par une force, un élan qui l’a conduit vers ses frères juifs et non juifs. « On ne réfléchit pas à cela ». Joseph Abittan accompagne ses mots d’un geste mécanique de la main. Il écarquille les yeux et se relève à peine « Comment puis-je être utile et comment puis-je apporter mon aide modeste aux relations entre les uns et les autres ? », il trouve ses réponses dans cette voie de responsable religieux.
Un directeur de conscience
Il s’appuie sur son bureau en teck, les mains entremêlées. Le chef spirituel décrit en prenant soin de faire des pauses entre chaque mot pour faciliter la compréhension : « Rabbin, c’est essentiellement un lien, un médiateur, un conseiller, un confident et parfois même un médecin moral ». Cela requiert de la polyvalence et implique des sacrifices. Il faut être disponible à toute heure. Joseph est convaincant, le regard fixe et énonce clairement « la relation avec autrui est plus importante que celle avec Dieu ». Il lui arrive d’être sollicité en pleine nuit pour régler des conflits entre les couples, d’être demandé pour effectuer une prière pour un malade ou pour enterrer des personnes âgées. Joseph se laisse porter par sa passion, il explique le fonctionnement de la bible juive. « La Torah me touche entièrement », ses yeux brillent.
Manon François