Une proposition de loi débattue jeudi 29 novembre, pose la question de la résidence alternée des enfants en cas de divorce. Proposée par le député MoDem Philippe Latombe, cette proposition a pour but de fixer la résidence de l’enfant au domicile de chacun des parents. Selon les modalités de fréquences et de durées déterminées par accord entre les parents ou par le juge. 71% des enfants résident aujourd’hui chez la mère, contre 12% chez le père. Cette nouvelle loi devrait rééquilibrer la garde des enfants. Mais est-ce conciliable avec le bien être de l’enfant ?
« Cela dépend de l’âge et de l’investissement des parents » estime Corine Allouche psychologue clinicienne à Nice. La jeune femme s’occupe de plusieurs enfants de parents divorcés. La première chose qu’elle remarque, c’est l’opportunisme des enfants : « Ils profitent de la situation, car souvent la semaine c’est la maman sévère et le weekend c’est le papa sympa qui prime. » D’après la psychologue, ce rééquilibre pourrait être une bonne chose, si les parents se mettent d’accord sur le mode d’éducation. « C’est merveilleux de pouvoir voir ses deux parents dans la même semaine, c’est très bénéfique pour l’enfant, mais faut-il encore que les parents soient sur la même longueur d’onde. » conclut-elle. Pour Gabrielle Luciani également psychologue clinicienne à Nice, cette proposition n’est pas une bonne idée. « Chaque enfant est différent, chaque situation est différente. Faire une généralité de chaque cas pourrait avoir de mauvaises conséquences, pense-t-elle, parfois l’un des parents n’est pas apte à gérer l’enfant, il ne faut pas rééquilibrer la chose, au dépend du bien être de l’enfant. ». Olivier Bolla avocat au barreau de Nice confirme les propos de Gabrielle Luciani : « Cela peut fonctionner, mais la résidence alternée doit être personnalisée pour chaque famille et chaque enfant. » Cependant, il avoue que pour les papas souvent en difficultés pour voir leur progéniture, cela pourrait être un véritable changement.
L’association SOS Papas, n’est pas vraiment du même avis. Denis Redon, délégué de l’association en Gironde-Dordogne déclare que ce projet de loi, n’aura pas de réelles conséquences : « La résidence alternée, ça existe déjà. Quand on regarde de plus près la proposition. Il s’agit juste d’un texte symbolique pour donner une impulsion. » D’après le quadragénaire, cette loi ne remet pas en cause le bien être de l’enfant. « Il est seulement question de débattre sur le fait que l’enfant aura deux adresses sur la carte d’identité et que l’école connaîtra les deux adresses. » De nombreuses associations féministes contre ce projet de loi, mettent en avant la violence que peuvent subir les enfants chez le père. Denis regrette donc que la loi ne mette pas plus en avant, la violence que l’on fait vraiment aux enfants lorsqu’on leur interdit de voir l’un des deux parents. Il reproche aux juges de donner plus de droit à la mère dû à l’opinion publique. « Il serait nettement temps de définir ce dont l’enfant a réellement besoin pour vivre et grandir normalement, confit-il avant d’ajouter, des recherches ont pourtant prouvés que l’enfant a besoin des deux parents. »
Kelly Peyron