A Nice, les forces de l’ordre déménagent

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Débat lors du conseil municipal de Nice sur le « projet Saint-Roch ». Crédit : NB

Lundi 13 novembre, Christian Estrosi a exprimé son souhait à tous les élus du conseil municipal de reconvertir l’ancien hôpital Saint-Roch… en Hôtel de Police. Une décision appréciée par tous, mais qui suscite de nombreux questionnements de la part de l’opposition. Aujourd’hui, la délibération est approuvée, même si elle ne fait pas l’unanimité.

Silence dans la salle. Les regards tournés vers le sol, les élus se souviennent. C’était ce 13 novembre 2017, deux après les attentats de Paris. Le maire de Nice, entourée de ses conseillers, rend hommage aux victimes. Alors que la minute de silence prend fin, Christian Estrosi rappelle : « deux ans après, la menace est toujours présente, et elle doit amener à la plus grande sévérité ». Le décor est planté. L’heure est à la vigilance. La priorité est ici accordée à la sécurité des Niçois. Et pour répondre à cet enjeu, le conseil municipal débute avec une délibération de taille : réaménager l’ancien Hôpital Saint-Roch en hôtel de police. L’intérêt est alors clairement expliqué : réunir dans un même lieu les forces de police municipale et nationale. Un projet que le maire porte depuis deux ans, notamment auprès du Ministère de l’Intérieur, prêt à le cofinancer.

L’opposition s’inquiète pour le portefeuille

Un projet estimé entre 100 et 150 millions d’euros. « On va payer un équipement presque trois fois plus cher que dans le reste de la France », dénonce Fabrice Decoupigny, membre d’Europe Ecologie, Les Verts. « L’hôtel de police de Lyon a coûté 31 millions d’euros, celui de Lille, 45 millions. La seule compensation serait d’avoir le plus cher de France », ironise-t-il d’un ton soucieux, sous le regard de l’assemblée. Des inquiétudes fondées, car sur le budget total, 85 millions d’euros seront à la charge de la Ville et de ses partenaires. Dans cette liste « d’associés » figure notamment la Métropole Nice Côte d’Azur, dont Christian Estrosi est le Président. Celle-ci est prête à apporter une subvention de 10 millions d’euros. Charles-Ange Ginésy, Président du conseil départemental des Alpes-Maritimes, aurait lui aussi été sollicité par le maire, pour le convaincre d’apporter sa pierre à l’édifice. Sans réponse. Après avoir fait le calcul, Patrick Allemand, d‘Un autre avenir pour Nice, dénonce l’effort de l’Etat comme un « trompe-l’oeil », considéré d’après lui comme bien trop faible.

« Une vraie fausse bonne idée »

Patrick Allemand reste réticent. Il questionne le maire sur les espaces qui resteront inoccupés dans le bâtiment. Face à cette inquiétude, l’élu niçois rassure l’assemblée : « nous avons besoin de toute la superficie de l’établissement. Les 29 000 m² seront occupés par tous les services de police. Notamment les différentes unités spécialisées, telles que le Centre de Supervision Urbain et la Maison des Victimes ». Mais pour le membre de l’opposition socialiste, ça ne suffit pas :

« On va l’installer dans une des zones les moins accessibles de Nice. sans compter tous les problèmes de stationnement que ça va engendrer »

Sa solution : « directement demander aux Niçois ce qu’ils en pensent ». Pour le groupe Radical et Divers Gauche, c’est l’aspect culturel qui prime. Heureusement pour eux, leurs revendications sont prises en compte : la façade du bâtiment sera gardée intacte, et le nom historique de « Saint-Roch » sera conservé.

« C’est une belle avancée pour les forces de l’ordre »

Pour Cynthia, syndicaliste au FO de la police municipale, cette décision permettra d’intervenir bien plus rapidement. « A l’avenir, quand on interpellera un individu, notre trajet sera plus court, et ça, c’est grâce à la position géographique de Saint-Roch », affirme cette jeune policière. « On sera dans le centre-ville, et donc, plus proche de la voie rapide et de la pénétrante. Sans compter qu’on va avoir une meilleure complémentarité avec la police nationale », rajoute-t-elle, satisfaite de la décision du maire. D’après elle, cela améliorera les conditions de travail de la police nationale. En effet, l’actuel commissariat Central Foch est réputé pour son insalubrité. Un bâtiment neuf n’est donc pas de refus, mais pour l’instant, il ne s’agit que de lancer les études, les travaux débuteront courant 2019.

@BaggioniNicolas