« Agoraé n’est pas qu’une épicerie solidaire, c’est un lieu de rencontre »

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Camille Doucet à droite, en présence des autres bénévoles. Local rue d'Alsace-Lorraine (Nice). Crédit : NB

Les étudiants en situation précaire sont de plus en plus nombreux dans le département. Face à ce constat, Camille Doucet, jeune niçoise de 19 ans, donne de son temps à l’épicerie solidaire de Nice. En alternance d’un bachelor de psychologie, cette bénévole en est la responsable. C’est une « première » pour elle dans le milieu.

Qu’est-ce que ce projet apporte aux jeunes ?

En temps général, nous proposons que de la nourriture. Légumes, viandes, surgelés.. Agoraé est une épicerie sociale : on restera toujours sur l’alimentation. Nous vendons nos produits à 20% du prix normal, et ce, grâce aux tarifs de notre fournisseur : la Banque Alimentaire. On achète la totalité des produits à 29 centimes le kilo. Le fait que nous ayons à disposition des fournitures scolaires est exceptionnelle, on a juste eu un don inattendu du Secour Populaire. En revanche, si l’on devait se diversifier, on irait davantage sur les produits hygiéniques. Ce qu’on a commencé à faire mais en faible quantité malheureusement, car on en reçoit très peu pour l’instant.

La distribution de denrées alimentaires est-il l’unique service que vous rendez aux étudiants ?

On essaie de varier les activités. En 2016, on a eu un hypnotiseur, une sophrologue et une personne chargée de leur trouver un emploi… Ça sert surtout à changer leur quotidien, leur rendre la vie un peu plus cool. Mais on vise aussi leur insertion professionnelle.

Agoraé c’est surtout un espace d’échange. Dans les heures pleines, ça nous arrive d’avoir des jeunes qui s’assoient, qui parlent avec nous… Une fois par mois on organise un repas à 3 euros : ça permet de partager un moment convivial entre jeunes. On vise vraiment sur l’intégration sociale des étudiants, ceux qui n’ont pas forcément les moyens d’aller prendre un verre en ville, ou aller au restaurant.

Comment fait-on pour accéder à vos services ?

Ici, l’étudiant se fait accepter sur dossier : pièce d’identité et certificat de scolarité sont obligatoires. Ils viennent aussi avec un justificatif de revenus et de dépenses. On apprend ensuite à faire connaissance, connaître leurs projets etc. A partir de là, on calcule un « Reste à vivre », égal ou inférieur à 7 €. Cela permet d’établir à chacun un seuil de dépense : de 5 à 7 € de R.A.V journalier, tu as le droit à 10€ de courses par semaine. Pour le seuil en dessous, c’est 14 €, puis 18 € puis 22 €. Ce n’est pas vraiment égalitaire mais on essaye surtout de jouer sur l’équité. Il y en a qui ont moins que d’autres, mais c’est comme ça.

30 bénéficiaires en 2012, 200 en 2014, 250 pour l’année dernière : les jeunes ont de plus en plus besoin de votre aide. Que faites-vous pour éviter cela ?

Ce ne sont jamais les mêmes étudiants qui viennent. Notre dispositif est valable 10 mois maximum. C’est vraiment un tremplin. On veut éviter de devenir une forme d’assistanat, on est juste là pour les aider à se lancer. Après, il est vrai que la plupart de nos bénéficiaires peinent à trouver du travail. Les loyers à Nice sont chers, et la vie l’est aussi.

« Certains n’ont même plus besoin de notre aide »

Notre objectif est qu’ils n’aient plus besoin de nous. On essaie de les faire évoluer en tenant des projets parallèles. Par exemple, la semaine dernière, il y avait un atelier pour apprendre à rédiger un CV et une lettre de motivation. Après j’avoue que je suis un peu fautive dans l’histoire, je n’arrive pas toujours à dire stop aux étudiants qui veulent profiter quelques mois de plus. Heureusement, certains n’ont plus besoin du même budget par rapport à l’année dernière, voire d’autres, qui n’ont carrément plus besoin de notre aide.

Vos services ont l’air d’être appréciés par la jeunesse locale, comment faites-vous pour répondre aux besoins de tous ?

Nous avons en effet une très forte demande. On a été approvisionné hier, aujourd’hui les étagères sont presques vides. Les étudiants comprennent que nous sommes livrés le lundi, du coup ils viennent le jour même. Il y a la queue dehors, mais on essaie de les faire venir 10 par 10 pour permettre à ceux qui finissent plus tard, de quand même pouvoir faire leurs courses. Pour répondre à cette problématique, on a organisé une deuxième livraison hebdomadaire : le jeudi.

Pour accéder à leurs services : https://face06.com/gasea 

@BaggioniNicolas